C’est sans doute parce que c’est le 1er «Sūtra» que j’ai appris à chanter et par conséquent celui que j’ai répété le plus souvent que le verset 2.1 des «Yoga Sūtra» tourne en boucle dans ma tête :

Tapaḥ svādhyāya-īśvara-praṇidhānāni kriyā-yogaḥ

Ce sutra commence par le mot sanskrit « Tapaḥ » ou «Tapas ». À la racine de «Tapas», on trouve «Tapa» qui signifie brûler, chauffer ou consumer par la chaleur. Littéralement, « Tapas » pourrait être traduit par « cuire ». Cependant, dans la littérature yogique il est le plus souvent traduit par « austérité » ou « discipline ».

Dans ce « Sūtra », lorsque Patañjali, évoque « Tapas » comme un élément de «Kriya Yoga» ou «Yoga de l’action» (Yoga sutra 2.1), il dit au yogi qu’il est nécessaire d’allumer et de nourrir son feu intérieur. Que c’’est par ce même processus, qui cuit le pot d’argile pour le rendre solide et les aliments pour les rendre comestibles, qu’il doit lui aussi se préparer physiquement et mentalement pour accéder à sa propre transformation.

La «Bhagavad-Gītā» nous éclaire davantage en décrivant 3 types d’austérités (17.14 – 17.16) ¹ :

🔥 physique : « … Se purifier, rester intègre, observer la chasteté et la non-violence…»
🔥 verbale : «Tenir un discours qui ne blesse pas, qui est véridique, plaisant autant qu’utile, ou bien s’entrainer à la récitation personnelle…. »
🔥 mentale : «Aspirer à la sérénité et à la bienveillance, observer le silence, se discipliner et garder ses intentions pures…»

Ainsi, bien au-delà de la discipline du corps, « Tapas » est une pratique de chaque instant, un exercice physique et intellectuel d’une très grande exigence.

¹ Extraits de «Bhagavadgītā», Traduction Marc Ballanfat, Editions Flammarion Paris 2007.