Nous nous réjouissons tous de l’arrivée de l’été et du retour du soleil qui nous réchauffe la peau et nous nourrit d’une profusion de lumière … et de récoltes savoureuses. Depuis la nuit des temps et dans toutes les cultures, le Soleil occupe une place particulière. Il est la source de la vie sur Terre et pour cette raison, l’Homme lui a toujours rendu hommage à travers différents rituels.
Sūrya, le dieu Soleil
Dans la mythologie indienne, Sūrya est le dieu Soleil. Il forme avec Agni (Feu) et Vāyu (Vent) les trois aspects du Feu sacrificiel, la trinité Védique. Sūrya voyage sur un char en or à une roue, tiré par quatre ou sept chevaux. Parfois par un cheval unique, à sept têtes. Son cocher, Aruna (le rouge) est connu pour sa sagesse. Il se tient debout sur le char protégeant le monde de la fureur solaire. Tout cet attelage se meut sur son orbite, tournant en rond avec la nuit. Sūrya est notamment le père de Yama (le souverain des morts, roi du Dharma) et de Manu (le législateur). Il porte 108 noms différents qui font référence à ses qualités : le purificateur, la source de vie, le victorieux, le maître du jour, l’œil du monde, le joyaux du ciel… .

© Stella Kramrisch Collection, 1994 – Philadelphia Museum of Art
Le feu de l’intelligence
Dans la Bhāgavata Purāṇa il est dit :
« Celui qui désire l’intelligence doit adorer le Soleil. »
Ainsi que le précise, Alain DANIELOU dans son ouvrage Mythes et Dieux de l’Inde :
« En tant que source de lumière physique, mentale et spirituelle, le Soleil est l’image la plus proche du Divin que nous puissions concevoir… Le Dieu Soleil est cet esprit même qui habite notre âme car » l’être qui réside dans l’Homme et l’être qui réside dans le Soleil sont un ». [Taittiriya Upanisad]. En tant que notre être même, la divinité Solaire guide nos facultés intérieures et régit tous nos cycles vitaux. Le Soleil intérieur est perçu par le yogi dans le fond de son cœur, comme une source de lumière qu’il compare à un feu sans fumée. »
Aux origines de Sūrya Namaska
Les yogis rendent hommage au Soleil en pratiquant Sūrya Namaskar (la Salutation au Soleil), une séquence posturale que l’on peut assimiler à une prière en mouvement. L’origine de cette séquence n’est pas très claire. Certains attribuent sa création au père du yoga moderne T. Krishnamacharya. En revanche, pour ceux qui, comme moi, aiment à nourrir leur pratique de mythes et d’histoires, voici un tout autre récit.
Hanuman, le singe à la force légendaire, fils de Vāyu (Vent) et héro du Rāmāyana, était complètement fasciné par Sūrya. Lorsqu’il était bébé, il aperçut le soleil dans le ciel et le confondit avec une mangue. Se servant de ses puissantes jambes et de ses longs bras, il bondit vers le ciel où il se saisit du soleil qu’il mit immédiatement dans sa bouche plongeant ainsi tout l’Univers dans la plus grande obscurité. Les dieux furent immédiatement alertés et Indra, le dieu de la Foudre, intervint en jetant la foudre sur la mâchoire de Hanuman. Ce dernier ouvrit la bouche et laissa tomber le soleil, mais la foudre lui cassa la mâchoire (Hanu). C’est de là qu’il tiendrait son nom : « celui à la mâchoire cassée. »
Plus tard, pour assurer l’éducation de son fils, la mère de Hanuman l’encouragea à s’adresser au plus instruit et au plus éclairé de tous, Sūrya lui-même. Hanuman s’en alla alors lui demander s’il acceptait de devenir son professeur, mais Sūrya refusa. Il avait pardonné à Hanuman d’avoir essayé de le manger, mais son emploi du temps strict et chargé ne lui offrait pas de disponibilités à lui accorder. Il était toujours en mouvement et ne pouvait s’arrêter pour enseigner.
« Et si je vous suivais ? demanda Hanuman. Accepteriez-vous de me prendre comme élève ?» Sūrya lui répondit qu’il ne pourrait sûrement pas le suivre, mais que s’il le souhaitait, il était d’accord.
Hanuman s’envola alors dans le ciel et fit face à Surya. Il le suivit en avançant à reculons et reçut ainsi tous les enseignements de son maître. Il était un élève si dévoué et consciencieux qu’il parvint à maîtriser tous les Védas très rapidement. Cependant, avant de quitter son maître, il devait s’acquitter de sa Gurudakshinā, (la donation de l’élève au maître). Sūrya refusa tout paiement, arguant que le dévouement de son élève était sa plus grande récompense. Hanuman lui répondit : « je ne peux donc vous offrir que ma gratitude et mes salutations (Namaskars) respectueuses. » Et c’est alors qu’il créa la séquence de Sūrya Namaskar en l’honneur de son maître
Sources :
- Mythes et dieux de l’Inde. Alain DANIELOU. Éditions Flammarion, 2009
- Le Mahabharata, Biardeau Madeleine, Éditions Le Seuil, 2002
- MYTHS, STORIES, and LEGENDS TO PRACTICE BY – David GARRIGUES